C'était dimanche, il s'était réveillé tôt et plein d'entrain. Au dehors, à travers les rideaux de la fenêtre de la cuisine, le soleil clignotait ses premiers rayons dans ses yeux, ça lui chatouillait son âme : Guili Guili ! Quel temps merveilleux, il était le plus heureux des hommes ! Par une aussi belle journée il ne fallait surtout pas rester enfermé. D'un bond d'un seul il s'était jeté sur les voilages les avait tirés et avait ouvert la fenêtre tout grand. L'air léger et pur avait pénétré ...c'était le printe.... BOUZELEUF !!!! Son abominable odeur s' était introduit au plus profond de ses narines ! C'était c'était BOUZELEUF ! La voisine du rez de chaussée s'était levée encore plus tôt que lui et avait encore sévi ! BEURK !
Il referma précipitamment les carreaux. C'était tout de même une matinée délicieuse, les oiseaux chantaient dans le peuplier, filaient en l'azur, revenaient, repartaient, préparaient leurs nids. Et puis tant pis pour l'affreuse odeur, des jolies couleurs tout partout à l'extérieur emplissaient son coeur de tendres senteurs du printemps, du printemps DU PRINTEMPS ! Il se sentait monter en lui comme de belles envies ! Oh que oui il allait bien en profiter de cette splendide journée !
Et sa femme qui venait de sortir du lit, flûte, flûte, flûte ! Elle trainait des pantoufles, elle allait, il en était certain, mettre à mal tous ses projets ... flûte, flûte, flûte ! Et puis tant pis ...
L'esprit encore tout rempli de sommeil elle le regardait du coin d'un oeil. Il jubilait de si bon matin ça n'annonçait rien de bien ! Il s'était élancé sur elle et l'avait comme à son habitude serré très fort sur son corps, serré à lui couper le souffle et comme elle était occupée à se servir du café tout s'en était trouvé renversé !
- Comme tu peux être maladroite ! L'entendit elle la houspiller !
Elle était encore trop fatiguée pour commencer à tenter de se disculper.
- Vois comme il fait beau ! Lui cria t il dans les oreilles en la tirant brutalement à la fenêtre . Vois c'est le printemps ma mie c'est le printemps !
Alors pour lui faire plaisir elle avait voulu voir de près de ce comment était le printemps au dehors et son nez , son front rebondirent violemment contre la vitre.
- Ca va pas ta tête !!!!!!!!! T'es aveugle ou quoi ? N'as tu pas vu que la fenêtre était fermée ? Tu aurais pu la casser !!!
Ces mots, le choc eurent pour effet de la réveiller instantanément.
- Oh la vache mon crâne il a failli exploser! J'ai cru que la fenêtre était ouverte, d'ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas aéré.
Elle s'apprêtait à tourner la poignée quand il se jeta sur elle comme un dératé.
- Pitié, pitié laisse fermer !!!! Lui cria t il en la griffant légèrement..;
- Ca va pas la tête ? T'es vraiment complètement survolté ce matin, qu'est ce qui t'arrive ?????
- Oh sincèrement désolé ma toute tendre mais par pitié PAR PITIE laisse moi cette fenêtre fermée !Il m'arrive que j'ai décidé de profiter pleinement de cette belle journée !!!!! Allez J'Y VA !!!!!!! C'est le jour rêvé !!!!!! pour faire le Grand Ménage du PRINTEMPS !
Il s'était dirigé vers la salle de séjour en chantonnant la laissant seule dans la cuisine à cogiter. Faire du nettoyage cela ne lui ressemblait en rien , faire du ménage les fenêtres fermées c'était encore plus déconcertant. Qu'est ce qu'il était en train de magouiller ? Elle abandonna la vaisselle sale dans l'évier et alla le rejoindre à la fois inquiète et extrêment intéressée.
Elle le retrouva accroupi sous le bureau en train de débrancher les fils de l'imprimante tout en sifflotant... D'ordinaire jamais non JAMAIS il ne sifflait à la maison, c'était assurément très très suspect.
- Q'est ce que tu fais ? S'aventura t elle à le questionner.
- J'ai besoin d'un balai s'il te plait ramène le moi.
- Le balai mais pourquoi faire ?
- Pour balayer tiens pardi !
Elle leva les yeux au ciel.
- Je veux bien te le rapporter à la condition que tu me laisses t'aider.
- Encore et toujours du chantage !! Pas du tout intéressé NON ! Je n'ai aucunement l'intention de te laisser me mettre des bâtons dans les roues. Je vais chercher Mon balai tout seul !
Il était sorti de dessous comme un diable de sa boîte et était revenu en moins de temps qu'il faut pour l'écrire avec le balai sous le bras.
Des bâtons dans les roues qu'il avait insinué aïe aïe aïe !!!!! Elle prit sa voix toute douce, lui tapota tendrement le dos et lui fit comprendre à quel point elle était désireuse de participer à ce grand remue-ménage !
Un GRAND REMUE-MENAGE qu'elle avait présupposé aïe aïe aïe alors là pas question pour lui d'essayer de lui expliquer son projet. D'ailleurs son cerveau à elle travaillait trop au ralenti et ses tentatives d'explications à lui s'en trouveraient totalement emmêlées. Et plus il s'embrouillerait les pinceaux et plus elle aurait le fou rire. Et plus elle aurait le fou rire et plus cela le mettrait hors de lui. Dehors c'était le printemps il faisait beau il chantait sifflait comme un petit pinceau PINSON ce n'était pas elle qui allait lui gâcher sa belle bonne humeur de ce beau jour d'aujourd'hui alors là NON!
- JE VA balayer tout seul .
Il était manifestement très contrarié, sa voix s'était durcie, son regard noirci et il ne chantait plus, ne sifflotait plus . Il faisait un tas des poussières et des gros moutons qu'il avait dénichés en déplaçant l'imprimante et il cherchait rageusement à le planquer sous le tapis de la salle à manger.
Ca y était elle avait compris ! Des mois qu'il la bassinait avec cette histoire d'imprimante placée trop loin de l'ordinateur, des mois qu'il souhaitait les rapprocher en toute bonne logique affirmait il. C'était vraiment n'importe quoi !
Entre l'ordinateur et l'imprimante elle avait jugé opportun, il fallait le voir pour le croire, elle avait jugé IDEAL, incroyable et peu banal de dresser la bibliothèque ! Enfin plutôt ce qu'elle appelait pompeusement " LA BIBLIOTHEQUE " ! Cinq, six étagères en bois sur lesquelles albums photos et livres de poche se retenaient courageusement pour ne pas s'écrouler.
Aux lendemains de leurs noces lorsqu'ils avaient emménagé dans ce petit appartement, il l'avait laissé, complètement amoureux qu'il était, il l'avait laissé, follement épris qu'il était, il l'avait laissé faible qu'il était, il l'avait laissé l'agencer à sa guise. Maintenant que le ravissement des premiers instants s'était légèrement dissipé, maintenant qu' il y voyait un peu plus clair: c'était assurément N'IMPORTE QUOI ! Il était plus que temps d'y remédier...
- Ecoute je viens de comprendre ce que tu souhaites revisiter. Bien que cela ne soit absolument pas une bonne idée j'aimerai de tout mon petit coeur qui t'aime beaucoup beaucoup j'aimerai s'il te plait que tu me laisses participer à cette fantaisie.
Et son rire avait résonné léger et joli, tout simplement irrésistible: Il n'avait pas pu plus longtemps lui résister, il avait cédé.
Il l'avait gentiment chargé de vider et " plus vite que ça " LA BIBLIOTHEQUE ! Elle lui était tellement reconnaissante de la tâche qu'il lui avait si généreusement confiée qu'elle se devait, du mieux de son sérieux, de la mener à bien. Elle avait empilé les livres sur le plancher et les avait essuyé avec grande application pendant qu'il s'acharnait de toutes ses petites forces à repousser LA BIBLIOTHEQUE de l'ordinateur. .. Ces cinq, six étagères en bois se révèlaient inimaginablement lourdes, plus pesantes que du PLOMB!!
Tandis qu'il était là à s'escrimer, à se casser les reins, qu'est ce qu'elle faisait ELLE ? Hein ? Il arrêta un moment ses efforts pour mieux l'observer : A même le parterre au milieu de piles de livres assise en tailleur, elle regardait les photos... Son visage était empreint d'une telle douceur que ce fut comme une caresse sur son coeur
Elle s'était laissée aller à s'attendrir sur des photos d'antan lorsqu'il n'était qu'un petit enfant. Adorable avec ces drôles de bouclettes et son regard de GRAND ! Et puis elle avait ENFIN retrouvé le livre qu'elle cherchait depuis si longtemps, trop bonne idée en définitive que cette envie soudaine de tout déranger.
- A la vérité tu n'avais absolument pas tort quand tu disais que ce n'était pas une bonne idée que de tout changer ce que tu avais installé. S'entendit il prononcer.
Elle s'était élancée sur LUI et l'avait comme à son habitude à ELLE serré très fort sur son corps, serré à lui couper le souffle et malgré qu'il était occupé et parce que le printemps..... et parce qu'ils étaient extraordinairement maladroits ... tout s'en était trouvé renversé.
" Le Printemps " Flûte Flûte Flûte !